Pourquoi construire des nichoirs ? Depuis quelques dizaines d’années, les pratiques agricoles ont bouleversé les paysages. Là où il y avait haies naturelles, bosquets, vieux arbres, vergers anciens, là où les cultures étaient diversifiées sur des espaces morcelés, séparés de végétation libre, il ne reste que des champs de monocultures sur des centaines (voire plus) d’hectares. Tous ces lieux-refuges pour les animaux ont été détruits et ceux qui restent sont régulièrement « nettoyés », taillés raz au girobroyeur, les arbres morts ou vieillissants sont rapidement éliminés. Autant de lieux de nidification qui manquent aujourd’hui pour une reproduction sereine des oiseaux, un abri nécessaire à beaucoup d’espèces animales (insectes, reptiles, mammifères…). Au-delà de l’agriculture, c’est aussi notre gestion de l’environnement immédiat des maisons, où l’on cherche à garder des pelouses bien tondues, des haies devenues plus ou moins artificielles afin de demander le moins d’entretien possible, qu’il faut revoir ! Alors, en attendant d’avoir tous des terrains «utiles» plutôt que «propres», essayons de préserver ce qui peut encore l’être, ou mieux, de faire revenir les oiseaux dans nos jardins. Les oiseaux les plus touchés sont les cavernicoles, qui ont besoin de cavités qu’ils trouvaient dans les vieux troncs d’arbre, dans des vieux bâtiments depuis restaurés, isolés ou simplement rasés.
Quand mettre en place les nichoirs ? La meilleure période est bien l’automne. Elle va permettre aux oiseaux de repérer, puis de s’habituer à l’intégration de ces « boîtes » dans le paysage. Au mieux, les nichoirs serviront durant l’hiver comme refuge lors des grands froids. Au printemps, tout naturellement, les oiseaux trouveront le gîte qu’il leur manque. Nos longues soirées d’hiver peuvent ainsi être mises à profit pour bricoler assez facilement des maisons sympathiques pour nos amis ailés. Les nichoirs sont placés à une hauteur de 2 mètres minimum et le trou d’envol d’orientation S/S-E pour éviter les vents dominants. Si vous le fixez à un arbre, il vaut mieux le suspendre à une branche, ce qui rend plus difficile l’accessibilité d’un chat ou autre prédateur. Ne pas percer l’arbre, vous le feriez crever. Si besoin, utilisez une lanière pour fixation afin d’entourer le tronc si vous ne pouvez pas utiliser les branches pour suspension.
Quels matériaux utiliser ? Règle n°1 : pas de bois traités qui peuvent être toxiques, privilégiez les bois bruts que vous pourrez ensuite traiter vous-même, à l’extérieur uniquement, avec des produits naturels (huile de lin, cire d’abeille, brou de noix…) Pour un premier traitement, utilisez de l’huile de lin chaude qui pénètre davantage le bois et évite l’adjonction d'essence de térébenthine. Évitez de peindre l’extérieur avec des couleurs qui ne sont agréables que pour vos yeux : elles sont souvent toxiques et effraient quelques fois les oiseaux. Aucun traitement intérieur ! L’épaisseur des planches doit être de 1,5 à 2 cm d’épaisseur. Les planches de voliges sont pratiques. Attention, les bois de palettes sont souvent traités chimiquement ! Préférez le pin et le peuplier. Le mélèze, l’épicéa, le cèdre, le chêne faisant aussi l’affaire. Le contreplaqué est à réserver pour les nichoirs devant prendre place à l'intérieur d'un bâtiment ou pour des modèles de taille imposante où les parois ne pourraient être composées d'une seule planche. Si le nichoir doit être posé à l'extérieur, il y aura lieu de choisir un contreplaqué « marine ». Ne rabotez pas vos planches : les oiseaux s'agrippent plus facilement sur une paroi rugueuse. On peut même, pour les nichoirs profonds, rainurer à la scie l'intérieur du panneau pour faciliter l'accrochage. Vous pouvez également utiliser d’autres matériaux auxquels ont ne pense pas tout de suite : un pot de fleur en terre cuite, de vieux godillots, de la vannerie, du béton de bois… en fonction de vos disponibilités.
La conception d’un nichoir, règles générales : Pour ce qui est de l’assemblage, choisissez des clous ou vis galvanisés pour éviter la rouille à brève échéance. Les vis ont l’avantage de faciliter le démontage si un nettoyage ou un remplacement de parois est nécessaire. Souvent, le toit sert de couvercle et s'articule sur des charnières, plus facile que les vis pour observer l’état intérieur. Les découpes de planches doivent être nettes pour faciliter l’assemblage. Bien respecter les dimensions préconisées. Le toit doit être pentu pour évacuer les eaux de pluie et suffisamment débordant. On peut faire quelques trous en haut des parois, juste sous le toit pour faciliter une bonne ventilation en cas de forte chaleur, (vérifiez que la pluie ne puisse pas entrer), mais aussi dans le sol du nichoir pour permettre l’évacuation éventuelle d’eau. Ne fixez pas de perchoir sur le nichoir, les oiseaux n’en ont pas besoin et cela faciliterait l’accès à d’éventuels prédateurs. Le trou d’envol doit être placé suffisamment haut et percé obliquement pour éviter à la pluie de s’écouler à l’intérieur. On peut aussi « encadrer » le trou d’envol par une petite plaque de tôle pour interdire à un Pic épeiche, par exemple, d’agrandir ce même trou pour prédater la nichée. Un Lérot pourrait aussi vouloir agrandir l’entrée pour s’installer à l’intérieur !
Particularités : Chaque espèce d’oiseau recherche son nichoir spécifique. Le nichoir le plus courant est le nichoir fermé ou nichoir « boîte aux lettres » avec ou sans balcon .Sa forme et ses dimensions peuvent varier, le plus important étant les dimensions du trou d’envol qui varie suivant les espèces recherchées : Pour les Mésanges (noire, nonnette, huppée, bleue, charbonnière) : 25 à 30 mm de diamètre. Pour le Moineau : 30 mm de diamètre Pour la Sittelle torchepot : 32 mm de diamètre Pour le Rouge-queue à front blanc : 30 à 40 mm de diamètre Pour l’Étourneau sansonnet : 45 mm de diamètre Pour la Huppe fasciée : 80 mm de diamètre Le trou d'envol sera situé dans le tiers supérieur de la façade.
Nichoir boîte aux lettres
Nichoir boîte aux lettres avec balcon
Pour l'utilisation d'un pot de fleur, on élargira le trou du fond du pot à la dimension souhaitée.
Nichoirs pot de fleur
Chacun peut créer son nichoir, il suffit d'avoir des idées 😉
Nichoir godillot (Pinterest)
Pour la Huppe fasciée, vous avez peut-être suivi la nidification dans mon jardin : j'avais posé au sol un tronc d'arbre coupé qui possédait une ancienne loge de Pic. Le tronc est resté en place plusieurs années... Jusqu'à ce qu'il plaise à un couple de Huppes ! Vous pouvez suivre cette nidification sur le site (observations mensuelles des mois de mars/avril/mai des années passées) ou sous forme de 3 vidéos sur YouTube
Nichoir pour Huppes, dans mon jardin
Autres nichoirs, le nichoir semi-ouvert et le nichoir ouvert, le trou d'envol étant de la largeur de la façade. Ils conviennent pour la Bergeronnette grise, le Troglodyte mignon, le Gobe-mouche gris, le Rouge-queue noir, le Rouge-gorge familier...
Nichoir semi-ouvert
Nichoir ouvert
Il existe aussi des nichoirs spécifiques pour différents oiseaux : les chouettes chevêches, les Effraies des clochers, rapaces…
Nichoir pour Chouette chevêche (LPO)
Nichoir pour Effraie des clochers (LPO)
Vous trouverez tous les plans nécessaires à leur construction sur le sitenichoirs.net
Pensez aussi à proposer des abris aux mammifères : les Chauves-souris ont besoin de gîtes. Leur construction est particulièrement étudiée pour être adapté à leur mode de vie.
Abri pour Chauve-souris (Pinterest)
Les hérissons apprécient le calme durant leur hivernation : une simple caisse en bois retournée et pourvu d’un trou d’entrée suffit, recouvrez la d’une planche, de branchages, feuilles mortes pour la protéger des intempéries.
Abri pour hérisson (Photo LPO)
Pour les reptiles un simple pierrier suffit à les aider à passer l’hiver, serpents et lézards y trouveront refuge.
N'hésitez pas à m'envoyer vos remarques, vos témoignages, ainsi que les photos de vos nichoirs 😉
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